lundi 26 mars 2007

République des Blogs - 28 mars


Merci à vous tous qui êtes de plus en plus nombreux à passer par ce blog.

Juste pour vous signaler que je serai présent demain soir 28 mars à Paris pour la République des Blogs, aux côtés de Quitterie Delmas et Virginie Votier (les Jeunes Libres), mais aussi Tatiana Faria et Natacha Quester-Siméon (les Humains Associés, Nethique, Mémoire vive...), Tristan Mendès-France, Carlo Revelli (Agora Vox), Casabaldi (réseau Freemen), Sylvain Lapoix (Marianne2007.info) et beaucoup d'autres...

Venez nombreux !
A partir de 19 heures, au Pavillon Baltard, 9 rue Coquillère, Paris.
C'est juste derrière la Bourse du Commerce, quasiment à l'angle avec la rue du Louvre.
Métro Les Halles ou Louvre Rivoli.

vendredi 23 mars 2007

Alejandro Jodorowsky parle : Bouddharkozy

Vendredi dernier, à Paris, Alejandro Jodorowsky, heureux de m'expliquer la confiance qu'il place en son amie la présidente chilienne Michelle Bachelet, me communiquait le texte suivant, rédigé pour sa rubrique de "la bonne nouvelle", dans le cadre du JT espagnol. Décapant.



Les politiciens ont oublié ce qu'est l'être humain essentiel. Ils mendient des votes, exhibent un Ego ignoblement enflé et nous présentent l'image d'une humanité noyée dans les problèmes économiques. Ils baptisent "politique" leurs limites spirituelles. M. Sarkozy (ainsi que Mme Royal), pris au piège de sa triste illusion matérialiste, méconnaît absolument ce que les sages recherchent depuis des millénaires : l'illumination. Un état de transparence mentale où les frontières matérielles et psychologiques disparaissent, et où l'individu s'unit à l'humanité entière et à l'univers.
Par un hasard délicieux, M. Sarkozy, dans un instant de distraction extrême, s'est oublié pendant une seconde. Son Être Essentiel en a profité pour s'emparer de son corps et de son âme. Lors d'un instant si fugace que personne ne s'en est rendu compte, le politicien s'est transformé en Bouddha serein. Les mains jointes dans un geste de dévotion absolue, le regard béatement tourné vers l'origine de l'univers, un téléphone entre ses jambes devenu phallus sanctifié. A son poignet, la montre n'a pas de chiffres : le temps est infini. Une fois ce moment passé, l'ignominie politique et l'egomanie l'ont envahi de nouveau. Mais il nous reste un espoir : il est possible qu'un jour Sarkozy rencontre sa bouddhéité et devienne un être utile pour le monde, pour tout le monde. Nous souhaitons la même chose à Mme Royal.


Alejandro Jodorowsky





Los polìticos han olvidado lo que es el ser humano esencial. Mendigando votos y exhibiendo un Ego dilatado hasta la asquerosidad, nos presentan la imàgen de un hombre ahogado en lo econòmico, llamando a sus lìmites espirituales"polìtica". El señor Sarkozy (tanto como la señora Royal) enredado en su triste ilusiòn materialista, desconoce por completo aquello que durante milenios los sabios han buscado: la iluminaciòn. Un estado de transparencia mental donde no hay fronteras ni marteriales ni psicologòcas y el individuo se hace uno con la humanidad entera y el cosmos.
Por un hermoso azar el señor Sarkozy en un instante de extrema distracciòn, se olvidò de si mismo, segundo que aprovechò su Ser Esencial para apoderarse de su cuerpo y su alma. De manera tan fugaz quenadie se diò cuenta, el politico se convirtiò en un sereno Buda. La manos juntas en entrega absoluta, la mirada beata llegando al orìgen del universo, un telèfono entre las piernas convertido en santo falo. En la muñeca un reloj que perdiò sus nùmeros (tiempo infinito). Pasado e se segundo, la asquerosidad polìtica y egòmana lo invadiò nuevamente. Pero queda una esperanza: es posible que un dìa Sarkopzy encuentre su estado bùdico y entonces se convierta en unserde provecho para el mundo, para todo el mundo. Cosa que le deseamos tambièna la señora Royal.


Alejandro Jodorowsky

jeudi 22 mars 2007

Ce qui fonde nos forces échappe à l'effondrement.

pour Quitterie, en souvenir du 19 mars


"Il semblait porter un trésor fragile. Il me semblait même qu’il n’y eut rien de plus fragile sur terre." Saint-Exupéry, Le Petit Prince

Quitterie, tu me dis que tu n'oublieras jamais cette rencontre avec Pierre Sudreau.
Pour ma part, je n'oublierai jamais cette photo.



Quelle belle image que ces deux générations côte à côte, portant la même espérance pour l'homme, cette lumière qui sourd du tréfonds de l'âme, bravant la mort et nos faiblesses.

Trésor fragile de l'espérance.

En elle, je reconnais la mienne.
Celle de révèler le feu sacré qui veille dans le coeur de tous.

"Retrouver la trace de l'homme dans sa nudité, sa fragilité, de cet homme bien souvent introuvable, enseveli par les ruines monstrueuses de ses actes absurdes." Etty Hillesum

Il y aura une Sixième République. Il y aura une Renaissance. Politique, sociale, culturelle, artistique et spirituelle. Et nous ferons tout ce qui est en notre pouvoir pour qu'elle soit d'espérance et de clarté.
Tous, nous serons les acteurs et témoins de sa conscience.

Et puis l'inertie et l'entropie, toutes les forces de pesanteur en l'homme, les vieilles peaux des peurs, des dogmes, de l'habitude, du confort intellectuel, des certitudes mortes ou empesées, lentement feront leur oeuvre,
lentement sans doute mineront ses feux.

D'autres à leur tour reprendront le flambeau, inventeront un jour une autre République, un autre monde.

Toute forme naît, murît et fane. C'est la loi de la Vie et c'est une loi juste.
Ton enveloppe et la mienne, nos enfants, nul n'y échappe.

Mais ce qui fonde nos forces échappe à l'effondrement.

Ce qui fonde nos forces, rayonne derrière tes yeux, justifie ton sourire, est plus vaste que nous.

Partir à chaque instant de ce qui, en soi, respire de plus vaste que soi.
Partir en nous du plus faible, du plus vulnérable en l'homme, parce que là est sa grandeur et son envol, son unique fenêtre vers les hauteurs.

Il s'agit aujourd'hui d'entrer en résistance. En résistance contre toute forme de comportement ou d'attitude sectaire, fondée sur la peur de l'autre, de l'inconnu, de la différence.

En résistance contre l'inertie et l'indolence, la mesquinerie et la médiocrité, le préjugé, le jugement facile, l'idée arrêtée.

En résistance contre soi-même, au nom de la Vie.

Soyons incandescents, fiers et libres. Déployons enfin nos ailes.
Nous pouvons être des lumières qui marchent.

"A m'enfermer dans quelque passion partisane, je risque d'oublier qu'une politique n'a de sens qu'à condition d'être au service d'une évidence spirituelle" Pierre de Benouville

Oui, mille fois oui... Et puis, tu sais :"Je ne vois pas d'autre issue : que chacun de nous fasse un retour sur lui-même et extirpe et anéantisse en lui tout ce qu'il croit devoir anéantir chez les autres. Et soyons bien convaincus que le moindre atome de haine que nous ajoutons à ce monde nous le rend plus inhospitalier qu'il n'est déjà." Etty Hillesum

"Le drame de l'être humain, c'est qu'il veut être un adulte fort, honoré, et il oublie qu'il est un petit enfant en quête de communion." Jean Vanier

"Créer, c'est résister. Résister, c'est créer". Lucie Aubrac, Raymond Aubrac, Henri Bartoli, Daniel Cordier, Philippe Dechartre, Georges Guingouin, Stéphane Hessel, Maurice Kriegel-Valrimont, Lise London, Georges Séguy, Germaine Tillion, Jean-Pierre Vernant, Maurice Voutey, signataires de l'Appel à la commémoration du 60e anniversaire du Programme du Conseil national de la Résistance du 15 mars 1944

Nous lutterons pour cela, Quitterie.

De toutes nos forces. Ensemble.

mercredi 14 mars 2007

L'ultime clivage


Il y a un espace en l'homme,
quelque part au loin de l'homme,
et pourtant si proche.

Au coeur de l'homme, tout au centre,
il y a comme une lumière qui vibre.

Elle est parfois lointaine lueur, étoile, sourire fragile de l'espérance.

Parfois lumière franche, crue, déchirant le ciel de l'âme en un coup de tonnerre,
celui de la rencontre, avec l'autre, cet autre soi-même,
celle qui fait chavirer l'âme et nous précipite dans une incandescence en miroir.

Il y a ce vaste espace au coeur de l'homme, à la fine pointe de l'être.

Quand une femme, quand un homme le met au jour, cette femme-là, cet homme-là est sauvé.

Cet espace est celui de la Foi qui déplace les montagnes ;

Cet espace est celui de l'Être et de la Transparence ;

Cet espace est de résistance ;

Cet espace échappe à toute fixité.

Cet espace est nu comme la grâce,
vulnérable comme un nouveau-né,
fragile comme un oeuf dans la main d'un enfant.

Cet espace de la conscience est accessible à chaque instant
d'un seul geste intérieur.

Un geste qui apaise et ouvre le chemin,
un geste qui réconcilie l'inconciliable,
un geste qui sait unir les contraires, embrasse tous les paradoxes et contradictions dont nous sommes cousus.

Un geste qui naît de la différence et de l'inconnu,
de l'accueil en nous de l'ombre, génitrice de toutes les lumières.

Un geste d'une telle souplesse, d'une telle multiplicité que rien ne peut l'arrêter.
Un geste d'envol,
un geste d'ancrage au coeur de cet envol.

Une intention consciente.

Un geste qui aime.

dimanche 11 mars 2007

Chansons de la plus haute Tour (2) - le Making of du livret

De retour sur le blog après une semaine hors de France.
Mille excuses à celles et ceux qui ont dû patienter pour voir leur commentaire affiché... et merci à tous, votre soutien m'est précieux !

Il y a quelques semaines, je vous présentais les premières illustrations d’Ananda pour le livret de Chansons de la plus haute Tour. Voici la totalité de son travail sur l’album.
Tout, de A à Z, a été conçu et fignolé ensemble, dans le moindre détail ! Ananda vous raconte le making-of sur son blog :
http://ananda-unpointctout.blogspot.com/

Ma version des faits n'est pas vraiment différente... je n'ai donc pas grand-chose à ajouter ! J'avais simplement envie de partager avec vous ces illustrations et photos retravaillées, sous forme de calques, transparents comme les souvenirs et la nostalgie.
L'idée majeure était de travailler sur les couleurs chaudes (les toiles d'Ananda dans ces tons m'avaient bluffé il y a déjà quelques années) et j'imaginais comme de petites vignettes de lumière dans la nuit. J'aime les couleurs qui ressortent sur fond noir, comme les lumières de la ville, un sourire ou un instant de grâce en un temps ou en un lieu sordide.


"Si seulement nous avions le courage des oiseaux qui chantent dans le vent glacé" a chanté Dominique A.
L'idée est d'Ananda, pour accompagner la photo où j'embrasse ma première amie d'enfance, Emilie !




Il fallait une jeune fille, quelque part, en écho à l'adolescence, au premier amour. J'aime beaucoup la silhouette et la perspective.
D'ailleurs, cette jeune fille semble sans visage... rappelant l'étrange personnage au visage en miroir, de Meshes of the Afternoon (1943), premier film et premier chef-d'oeuvre de la sorcière et réalisatrice Maya Deren. Totalement fortuit, mais jolie coïncidence !



Une de mes préférées, pour la belle fusion entre photo en filigrane et illustration dans l'esprit du dessin d'enfant. Dans les bois, ma mère, ma soeur... et moi sur mon petit vélo. C'est mon père qui prend la photo... l'histoire ne dit pas quels champignons nous avons rapportés ce jour-là ! L'illus qui suit est liée à un texte de Cantique des Hauteurs (Ed. Maelström et City Lights) :


La jeune fille de la plus Haute Tour est enfermée dans son corps. Le garçon au pied de la Tour est lui aussi enfermé dans son corps. Ils se regardent des heures entières, sans jamais pouvoir se rejoindre. Mais leurs yeux plongés l’un dans l’autre, échangent parfois leurs regards. Le garçon se retrouve tout en Haut, et la jeune fille au pied de la Tour. Leur pupille dilatée témoigne d’un Ailleurs, vertige de l’être au-delà des corps. Passé le regard d’Eternité, ils recouvrent leur chair brune.

J'aime vraiment beaucoup ce qu'Ananda en a fait. Tout à fait dans l'esprit. Sur la photo, mes parents, à l'âge tendre... L'album leur est dédié.
Ils sont magnifiques... et la photo pourrait être de Doisneau !
Un chat qui s'étire, vert comme ceux de Tezuka pour finir... Comment ne pas être amoureux des chats ?


Et un dernier petit détour par le recto-verso du livret... Au dos, une antenne de télévision au sommet d'un immeuble, le Ronsard, à Bourges, où j'ai grandi, juste à côté des Prés Fichaux. Au cinquième et dernier étage, il n'y avait qu'une seule porte, avec une impressionnante poignée. Enfant, je pensais que c'était Dieu qui habitait là ! En fait, c'était celle de Monsieur Julien. Enfin, c'est ce qu'on m'a dit...




En plus du chat vert, trois illus se partagent la pellicule couleurs de la jaquette. Tiens, quel est cet étrange personnage tout droit sorti de l'Art Africain, qui tend éperdument un crochet malhabile vers un astre lointain...?

Voilà, vous avez fait le tour... Il ne vous reste plus qu'à entrer.